[ ENJEU CRITIQUE ] Le Peuple Pygmée Menacé d’Extinction en RD Congo

Introduction

Dans le débat sur la protection des peuples minoritaires à travers le monde, il est souvent question de populations minoritaires venues de l’extérieur et établies dans un autre pays. Malheureusement, le véritable peuple autochtone et minoritaire est souvent oublié, ayant déjà été assimilé par les envahisseurs ou les conquérants. C’est le cas du peuple pygmée en République démocratique du Congo (RD Congo), qui risque de voir sa culture s’éteindre.

Les Pygmées vivent de la chasse et de la cueillette.
Les pygmées : les premiers occupants de la RD Congo

L’histoire du pays, telle qu’elle est connue par les ethnologues et les historiens, démontre que nous, les pygmées, sommes les premiers occupants de la RD Congo. Nous sommes les Congolais d’origine, nés du territoire congolais selon la création divine. Aucun historien n’a jamais prouvé une autre provenance des pygmées, à part la région de la Cuvette centrale de l’Afrique, principalement en RD Congo. Ainsi, la RD Congo est le pays des pygmées depuis toujours.

Une culture en harmonie avec la nature

Dans cette même histoire, on découvre que les pygmées avaient une culture qui prospérait grâce à une nature généreuse. Ils ne détruisaient pas l’environnement, mais le protégeaient, car leur survie en dépendait. Ils veillaient sur la faune et la flore, vivant de la collecte et de la chasse de petits gibiers, ainsi que de la cueillette, à l’instar du jardin d’Eden. Malheureusement, ce peuple a été envahi par les Bantous et d’autres peuples venus de l’extérieur, en plus des Bantous, et a été contraint de quitter son habitat favorable. Ils ont été chassés de la forêt équatoriale vers les provinces de la RD Congo où ils vivaient de la chasse et de la cueillette, mais dans des conditions inhumaines, exposés aux dangers du climat pluvieux, des maladies transmises par les mouches et les moustiques, ainsi que du froid.

Les défis actuels et les conséquences des guerres

Avec la création des Parcs nationaux, les pygmées ont été chassés des forêts devenues des aires protégées et ont été réduits à la mendicité aux alentours de ces parcs. Ils sont discriminés, marginalisés et négligés dans tous les aspects de la vie publique du pays. Les guerres d’agression qui ont secoué le pays depuis 1996 ont gravement porté atteinte aux droits des peuples autochtones pygmées, en particulier dans les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de l’Ituri, notamment dans les territoires de Kabare, Kalehe, Masisi, Nyiragongo et Rutchuru. Ils sont privés de droits fonciers, du droit à la vie, à la santé, à l’éducation et au travail. Les familles vivent dans la précarité, cherchant désespérément de quoi se nourrir. Ils n’ont pas de terres cultivables et se contentent de quémander ou de voler dans les champs des Bantous. Ils sont privés de logements et de vêtements. Les femmes pygmées sont confrontées à des accouchements difficiles et nombre d’entre elles meurent en donnant naissance. Les rares enfants qui naissent sont souvent victimes de malnutrition et de carences en matière d’allaitement maternel. Les femmes, les hommes et les enfants sont vêtus de manière sommaire, portant uniquement des cache-sexe en fibres.

La situation des enfants pygmées est catastrophique.
La négligence et l'abandon des autorités

Malgré la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui affirme que ces peuples sont égaux à tous les autres, les pygmées de la RD Congo continuent d’être négligés et ignorés par le gouvernement. Nous sollicitons donc l’intervention des Nations Unies pour faire pression sur notre gouvernement afin qu’il nous prenne en considération et nous accorde un territoire sur nos terres ancestrales. La RD Congo compte encore près de 80% de forêts vierges, alors que les lois locales déclarent que la terre et le sous-sol appartiennent à l’État. Malheureusement, l’État ne parvient pas à assurer la stabilité et la sédentarisation de notre peuple pygmée, qui est le premier réfugié ou déplacé à l’intérieur de son propre pays.

Parents et enfants vivent dans la débrouille, cherchant chacun où trouver à manger. Ils n'ont pas de champs à cultiver et se contentent de mendier ici et là, voire de voler dans les champs des Bantous. Ils n'ont ni maison, ni vêtements.
La situation actuelle et l'appel à l'aide

Les pygmées sont victimes d’attaques de toutes parts et vivent dans un déplacement constant. Malgré la présence de nombreuses ONG humanitaires en RD Congo, aucune d’entre elles ne s’occupe des campements des pygmées. L’aide est distribuée aux personnes déplacées qui ont des moyens, tandis que les pygmées sont stigmatisés et exclus. Partout où il y a des personnes déplacées, les pygmées sont présents, mais lorsqu’il s’agit de distribuer des vivres et de l’aide, ce sont les personnes Bantous qui en bénéficient grâce à des systèmes de cautionnement.

La lutte pour la survie et l'intégration

Face à cette négligence et à cet abandon, l’ICCOD-ONG, une organisation locale nationale initiée par les enfants pygmées et d’autres membres de la communauté, s’engage à encadrer socialement et économiquement notre peuple. Cette organisation coordonne toutes les activités liées à notre insertion psycho-sociale, car nous sommes un peuple longtemps traumatisé qui cherche à se reconstruire. L’ICCOD-ONG intervient dans tous les domaines de la vie et du développement, tels que la protection de l’environnement et de l’écologie, les droits de l’homme, l’agro-pastoralisme, la pêche, l’apiculture, la protection des enfants en temps de guerre, l’éducation, la santé, la nutrition, la pacification et la médiation dans les conflits.

Conclusion

Face à la menace imminente d’extinction culturelle et aux défis auxquels le peuple pygmée en RD Congo est confronté, il est urgent de prendre des mesures pour protéger ce groupe minoritaire autochtone. Les Nations Unies et la communauté internationale doivent accorder une attention particulière aux pygmées et exercer une pression sur le gouvernement congolais pour qu’il prenne des mesures en faveur de leur protection et de leur intégration. Il est également crucial que les ONG humanitaires augmentent leurs efforts pour fournir une assistance adéquate aux pygmées, en reconnaissant leurs besoins spécifiques et en les incluant dans leurs programmes d’aide. L’ICCOD-ONG joue déjà un rôle important dans l’encadrement et l’autonomisation des pygmées, mais elle a besoin du soutien de tous pour poursuivre ses actions en faveur de ce peuple marginalisé. Il est temps de mettre en lumière la situation précaire des pygmées en RD Congo et de travailler ensemble pour préserver leur culture et leur identité, tout en leur offrant les opportunités et les droits fondamentaux dont ils ont besoin pour prospérer.

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